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Jules, French Liner
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27 décembre 2014

Le cauchemar d’Amundsen, la Belgica prise dans les glaces

Le cauchemar d'Amundsen, la Belgica prise dans les glaces

Titre : Le cauchemar d’Amundsen, la Belgica prise dans les glaces

 

Format : 50 x 65 cm

 

Papier : Canson 300g/m2

 

Date : Décembre 2014

 

Prix : Collection privée

 

Histoire de l’œuvre :

 

Hiver 1897, la Belgica progresse doucement dans cette baie glaciale de l’Antarctique. La moindre erreur de navigation peut compromettre l’expédition. Le froid, paradoxalement presque brulant, se fait de plus en plus intense. Chaque souffle du blizzard taille le visage telle une lame de rasoir. Les yeux des marins sont à demi fermé tant le fond de l’air est froid. Peu à peu, la banquise semble se refermer sur le voilier pris dans ce piège dont la candeur n’a d’égale que sa dureté. L’allure ralentie, les icebergs se font plus denses, plus pressants. Des bruits oppressants provenant de la coque craquent inexorablement autour du navire. Devant l’étrave, les morceaux de glace s’amassent. Des cognements se font entendre. Le paysage se fige. Les marins sont résignés, la Belgica est véritablement bloquée. Pour le commandant Adrien de Gerlache et ses officiers, un problème d’ampleur se pose : Comment sortir le navire de cette situation délicate ? Combien de temps la coque va-t-elle résister à la pression de cette banquise épaisse qui se forme autour du voilier ?

Les explorateurs se mêlent au débat pour éclairer l’état-major du vaisseau. Le ton monte. Chacun y va de sa solution. Des hommes d’équipage mettent le pied sur la banquise. On va chercher des cordages, des pelles, tout est bon pour sortir la Belgica de son piège…en vain. Le navire semble perdu.

Il est 2h35 du matin, Roald Amundsen se réveille en sursaut dans la cabine qu’il occupe au sein de la Belgica. Nous sommes en plein milieu de l’Atlantique et l’explorateur vient de faire un terrible cauchemar…

 

Il s’agissait à travers cette aquarelle, de travailler un nouvel environnement, inconnus de mes pinceaux, en l’occurrence, le froid. Acteurs principaux de cette mise en scène, la glace (par l’intermédiaire de la banquise et des icebergs) et la neige y occupent une place prépondérante. Ils forment ce piège qui se referme sur la Belgica dans ce cauchemar que fait Amundsen. L’effort a donc été mis sur la texture de la glace et sa distinction avec la neige. Le blanc du papier étant largement utilisé pour laisser transparaitre cette impression de « manteau blanc » qui couvre la montagne et s’étend au reste du décor. Le voilier n’est ici qu’au second plan pour symboliser la fragilité de l’Homme dans cet environnement hostile de l’Antarctique. Un Antarctique quelque peu imaginaire, sorti tout droit du songe d’Amundsen. Un Antarctique où l’on peut distinguer, à proximité des immenses falaises glaciaires, ce qui semble être des sapins, or point d’arbres ne poussent en ce lieu ou l’ensoleillement est insuffisant et le froid trop intense tout au long de l’année. Cette vulnérabilité est renforcée par la faible présence de la mer, qui disparait au profit de la banquise. Symbole de l’éternel et inégal duel de l’homme confronté à sa survie dans une nature sauvage et inhospitalière, cette peinture est également un hommage à ces pionniers, explorateurs, scientifiques et inventeurs qui ont mis leurs vies entre parenthèse pour faire avancer la science et par extension, l’humanité.

 

Histoire du navire :

 

Trois-mâts barque anciennement nommé La Patria et construit en 1884, ce voilier a été acheté par le commandant Adrien de Gerlache de Gomery en 1896. Il le rebaptise Belgica dans le but d’entreprendre une expédition polaire internationale en Antarctique. Les derniers marins à avoir navigué dans les mers du sud furent les hommes de James Cook lorsqu’ils découvrirent au XVIIIe siècle l’Australie et la Nouvelle-Guinée, révélant ainsi au monde le continent du sud extrême. Avant cette expédition de la Belgica, les informations et les indices portant sur les terres du Pôle Sud étaient extrêmement infimes.

 

A une époque d’exacerbation des nationalismes, le commandant de Gerlache rassembla autours de lui une équipe internationale de très grande valeur constituée de marins et de scientifiques d’expérience. Ainsi l’équipe compte dans ses rangs Henryk Arctowski, Polonais, géologue, océanographe et météorologue, Emile Danco, belge, géophysicien, Emil Racovitca, Roumain, océanographe, spéléologue, zoologue et ethnographe, Roald Amundsen, Norvégien, second capitaine, Frederick Cook, Américain, chirurgien, anthropologue et photographe ou bien Georges Lecointe, belge, hydrographe et capitaine de la Belgica.

Les 19 membres de l’expédition sont jeunes (le plus âgé a 32 ans) et sont originaires de Belgique, de Roumanie, de Pologne, des Etats-Unis et de la Norvège.

 

Afin de résister à un environnement polaire particulièrement hostile, il était important pour les marins de disposer d’un navire fiable. Ainsi la coque mais également le gouvernail ont été renforcé pour une meilleure résistance face à la glace. La Belgica a également été dotée d’une nouvelle chaudière et d’une nouvelle hélice. Afin d’accueillir dans les meilleures conditions possibles les scientifiques du bord, un rouf a été aménagé sur le pont.

 

Le voilier d’Adrien de Gerlache quitte Anvers le 16 aout 1897 pour mettre le cap sur les côtes ouest de la péninsule Antarctique. Les problèmes commencent rapidement puisque le navire est contraint de s’arrêter à plusieurs reprises à Ostende, Montevideo puis Punta Arenas pour des incidents et des querelles intempestives entre des membres de l’équipage. Certains abandonnent même l’aventure durant ces escales. L’attitude du personnel scientifique demeure cependant irréprochable. Le voyage est donc particulièrement éprouvant, minant le moral d’un équipage en proie aux insubordinations et à la difficulté des communications entre les différentes nationalités présentes à bord.

 

Après de longues semaines de navigation, les membres de l’équipage mettent le pied sur la Terre de Feu pour leur dernier contact avec des hommes. Après une exploration de la Patagonie, le zoologiste Racovitca rejoint l’expédition à Punta Arenas. Il déplora sur place la spoliation des amérindiens et établit un dictionnaire entre la langue française et la langue Ona, dernier témoignage de la culture amérindienne dans cette région du monde.

Après cette dernière escale d’approvisionnement, la Belgica repris le large sous les tempêtes de la Terre de Feu, manquant même de s’échouer sur un récif. Le matelot Carl Wiencke disparait sous les eaux, emporté par une vague.

 

Le voilier finit par aborder la zone Antarctique le 13 décembre au cœur de l’été austral. Il restera dans ce secteur près de quinze mois. Période durant laquelle les explorateurs seront confrontés à des conditions de vie effroyables. Les icebergs et les tempêtes redoutables du sud perturbèrent considérablement les travaux de l’expédition. Pour la première fois, des golfes, des côtes et des îles inexplorées sont inscrits sur des cartes. L’arrivée sur ce continent marque également les premières découvertes scientifiques. L’équipe scientifique va travailler pendant plusieurs semaines à la collecte d’un très grand nombre de données.

La Belgica continue par la suite son exploration s’infiltrant davantage encore au sud jusqu’à se retrouver prisonnière de la banquise et bloquée dans un véritable désert de glace à proximité de l’île de Pierre Ier. Pendant treize mois, à partir du 28 février 1898, le voilier va hiverner dans la banquise australe, au-delà du 70e parallèle, dérivant en mer de Bellingshausen.

Durant cette longue période, l’équipe ne cesse de s’occuper. Malgré la nuit polaire, les hommes maintiennent leur rythme circadien et poursuivent leurs excursions ne s’arrêtant que lorsque le blizzard se lève. Les tâches sont nombreuses. Outre l’incontournable entretien du bord, les hommes s’attèlent à l’observation, à l’étude de la banquise, de la faune et de la flore, aux mesures météorologiques ou hydrauliques, aux prélèvements, à l’exploitation des données recueillies sur les différents sites explorés. Chaque nouvelle information est consignée dans des registres de notes, scrupuleusement rédigées et tenu à jour. La pêche et la chasse permettent à l’équipage de s’alimenter régulièrement. Le scorbut vient cependant jouer les trouble-fête en touchant les marins. Sur les conseils avisés du docteur Cook, les hommes se mirent à consommer de la viande de phoques et de manchots, ce qui permit d’éradiquer la maladie. Afin de tenir psychologiquement durant les mois de nuit polaire ininterrompue, les hommes entretiennent une forte cohésion pour maintenir leur moral au plus haut. Cependant un drame s’abat sur l’équipe le 5 juillet 1898, lorsqu’Emile Danco est emporté par une crise cardiaque.

Une année s’est écoulée depuis que la Belgica s’est retrouvée isolé dans les glaces. Voyant les provisions s’amenuiser dangereusement, les membres de l’équipage prennent la décision de forcer la banquise en creusant un canal dans la glace. La détermination et la volonté farouche de ces hommes, leur permettent, au prix d’efforts harassants, d’extraire la Belgica des glaces et de la conduire vers une mer vierge de banquise.

Le 25 mars 1899, le voilier belge accoste à Punta Arenas et revient à Anvers le 5 mai. Outre un accueil triomphal du navire et de ses hommes, considérés comme des héros, les résultats scientifiques récoltés sont exceptionnels. Le dépouillement de toutes ces données n’était même pas complètement achevé en 2008.  

Cette grande expédition internationale marque le début des grandes campagnes d’explorations internationales sur ce continent de glace. Les marins de la Belgica demeurent les pionniers de la recherche scientifique en Antarctique. Ce voyage marque la destinée de deux grands explorateurs polaires. En effet, à la suite de cette expédition, Roald Amundsen parti à la conquête du pôle Sud, tandis que Frederick Cook explora le pôle Nord.

Quant à la Belgica, elle sombra le 19 mai 1940 lors des batailles de Narvik. Son épave ne fut retrouvée qu’en 1990, elle gît par 22 mètres de fond. Son renflouement, souvent envisagé, est fortement compromis, du fait de la présence de nombreux explosifs.

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